Note biographique

Né en 1908 à Saint Marc. Juriste de carrière et poète à ses heures, Salnave Philippe-Auguste commence à peindre à l’âge de 52 ans sans se forcer, sans la directive d’aucun maitre, sans apprendre d’aucun autre artiste. Il rejoint le Centre d’Art en 1960 et depuis se consacre exclusivement à la peinture. Paysagiste, Philippe Auguste est l’un des maîtres haïtiens de la peinture dite naïve. Père de sept enfants, il travaille souvent au milieu de sa famille. Ses filles et ses garçons suivent ses gestes avec attention, au point où deux d’entre eux héritent du talent, Robert et Kettly, sans toutefois en faire un métier.

Salnave Philipe-Auguste s’est rendu célèbre par ses jungles africaines où il campe toute une faune dans une nature tropicale lumineuse dont le vert est la note majeure. Des figures mythiques, divinités de la fécondité, de l’eau, de la terre, tirées de l’imaginaire collectif, peuplent cette nature luxuriante. Ce monde édénique où les hommes cohabitent avec les animaux et vivent dans les arbres, semble vouloir nous rappeler le paradis perdu. La femme, très présente dans son œuvre, est souvent montrée nue tantôt pudique, tantôt assumant sa nudité dans sa plénitude. Le bestiaire de Philippe-Auguste réfère à la luxuriance du Jardin originel d’avant la «faute» ou encore du pays d’Haïti au temps du Paradis des Indiens. De temps à autre, le peintre, laissant libre cours à son imagination, sans jamais se départir de l’intention poétique, dévoile des scènes érotiques, affiche le lubrique des fêtes populaires et met en scène des créatures hybrides. Dessinateur fin et méticuleux, il trace le serpent séducteur, le fruit défendu, le geste interdit avec un extraordinaire sens du détail. Son Arbre merveilleux de la Science du bien et du mal, portant dans ses branches tous les fruits tropicaux a participé de sa réputation.

En 1978, son tableau Les Flamants roses, utilisé pour l’affiche de l’exposition Art en Haïti du Brooklyn Museum, couvre les murs de la ville de New York.

Salnave Philippe Auguste est salué par la critique internationale comme un artiste majeur, l’un des plus authentiques de la tradition naïve. Ses œuvres se retrouvent dans d’importants musées. Jean Marie DROT lui consacre des pages entières dans ses deux ouvrages sur l’art naïf haïtien, Journal de voyage chez les peintres de la Fête et du vaudou en Haïti, Couleur de vie, 1974 et Voyage au pays des naïfs, Hathier, 1984.

A la suite de Philippe- Auguste, une école de peintres paysagistes travaillant les jungles tropicales est née aux grandes heures de la vague touristique des années 70.

Il meurt à Port-au-Prince le 2 juin 1988.