NASSON Notes Bio

Camille JEAN de son nom d’artiste Nasson est né le 15 juillet 1961 à Port-au-Prince. Il commence dès l’âge de huit ans à sculpter les noyaux d’avocat en y plantant des clous. En 1972, il s’installe avec sa mère dans la communauté de Rivière Froide. A treize ans, il est initié à l’artisanat religieux, spécifiquement à la fabrication des chapelets et scapulaires, par le père Léonel Dehoux de l’Institution des Sœurs de Sainte Thérèse. En 1983, un artiste prêtre italien, le Père Angelo Vanenda, lui apprend l’anatomie. A cette même époque, Nasson sculpte à l’intention du pape Jean Paul II, la Vierge de CZECHONOWA. Il reçoit du Pape un beau chapelet en guise de remerciement. Prenant conscience de ses capacités de sculpteur il se met au travail. Ses premiers supports sont le bois et  la pierre. Il fréquente l’atelier des Pères Salésiens, où il rencontre les sculpteurs Horace Salomon   (Ti Pèlin) et Jean Brunel Rocklor qui pratiquent eux aussi une sculpture d’une grande force expressive. Il fonde avec eux le groupe musical Nacovy, qui se produit dans sa localité. Nasson fait de la musique et chante.

 

Avec eux, il fonde aussi l’association Andezo pour la formation des jeunes et la défense de l’environnement.  Comme pour le maitre Georges Liautaud de Noailles, ses premières sculptures sont dédiées au cimetière de Rivière Froide. Son œuvre s’est orientée progressivement vers l’incrustation de matériaux recyclés sur une structure en bois sculpté. Sa rencontre avec l’artiste Mario Benjamin en 1987 avec lequel il fait l’expérience d’œuvres combinées, est déterminante. Ce dernier fait de lui le principal initiateur de la sculpture contemporaine du recyclage.  « Nasson, est l’un des premiers à avoir introduit la violence expressive dans sa manière de travailler. Je vois en lui l’inspirateur de tout ce qui a suivi dans le travail du bois et de la récupération. » (Mario Benjamin in Catalogue Fête de la Sculpture, Juillet 2007)

 

De 1986 à 2008, Nasson a participé á la création de marionnettes pour la Compagnie COPART (Communication Poly Art) pour laquelle il sculptait des têtes très pittoresques (Carnaval Gran Manjè, 1996 et  La Famille des Pitit Caille, 2009).

 

Une des collections les plus importantes des œuvres de Nasson fut montée par le nommé Casimir Justin, marchand d’objets artisanaux au marché Vallières de Port-au-Prince. Cette collection de plus de 200 pièces, était exposée en permanence sur son étal pour le plaisir des passants jusqu’à l’incendie du 29 juin 2008 qui a ravagé le marché. Cette précieuse collection patiemment rassemblée et gardée jalousement n’a pas survécu au désastre.  Détruites ou volées, il n’en resterait plus qu’une dizaine. La disparition de ces œuvres constitue une lourde perte pour notre patrimoine artistique.

 

La force de créativité de Nasson  a paru se décupler avec sa maladie. Les dernières pièces, « Baron Baka », « Autoportrait » et « Vierge » sont d’une rare puissance, Nasson est parvenu à transmettre avec force la lutte qu’il livrait contre la mort. Baron Baka, personnage archétypal du système des Guédés,  comme sorti des profondeurs, en est le symbole le plus fort.

 

Nasson s’est éteint le 17 décembre 2009 à l’hôpital de l’Université d’État.