Jacques Gabriel (1934-1988)
Libre penseur , créateur et esthète
Jacques Gabriel arrive à Paris triomphant, toutes bannières déployées, disant « Me voici, je suis nègre, je suis beau, j’emporte dans ma valise la panoplie qui ouvre la route d’une esthétique propre, celle de mon peuple, de sa mémoire culturelle africaine, caraïbéenne, métissée et universelle. » J.G. (Extrait du témoignage Jacques : une lueur dans la mare, du peintre dominicain Silvano Lora, catalogue Rétrospective Jacques Gabriel, Musée d’Art haïtien, 2002)
Libre penseur á la parole éblouissante, Jacques Gabriel est né à Port-au-Prince, le 12 octobre 1934, de mère couturière et de père employé de commerce. Il expose pour la première fois au Foyer des Arts Plastiques en 1954 et fait une courte carrière comme ténor au sein du Chœur Simidor. Il reçoit immédiatement la réponse du marché. Avec l’argent recueilli, il part aux États-Unis en 1955 étudier la peinture au New School for Social Research, avec comme professeur le peintre équatorien, Camillo Egas. Là, il hante les musées pour étudier les maîtres, anciens et modernes. Il visite les artistes tels que Maya Deren, Teres Yi Do et Selden Rodman.
En 1957, il rentre au Pays où il rencontre Roland Dorcély qui devient alors son professeur et ami. En 1958, il repart pour les Etats-Unis où il vend assez de tableaux pour tenter une « aventure française ». En 1959, Jacques Gabriel découvre à Paris le Surréalisme à travers les écrivains et artistes qu’il fréquentait : les poètes, Alain Jouffroy, Pierre de Mandiargues, les peintres, Jean -Jacques Lebel, Ferro. De 1960 à 1961, il séjourne aux Etats-Unis en compagnie de Hervé Télémaque. Il retourne à Paris en 1961 ou il participe à de nombreuses expositions de groupe. Ce qui lui donne une notoriété internationale. Ses inséparables á Paris étaient Hervé Télémaque, Luce Turnier, Gesner Armand et Roland Dorcély. Dans cette atmosphère d’échange culturel intense, Jacques acquit une solide culture artistique. Culture qui a fait du peintre le critique fin et érudit qu’il est devenu.
Appréhender l’œuvre de Jacques Gabriel ramène à considérer l’œuvre figurative avec le corps, le visage, les masques comme leitmotiv, et l’œuvre abstraite avec les masses, les sphères et cubes comme flottant dans l’espace plan. Figurative ou abstraite, le volume et l’aplat dominent la construction de l’espace plastique. Les effets d’ombre et de lumière sont obtenus par modulation de la couleur. Le rendu perspectif, par les contrastes forts. Les procédés utilisés sont souvent proches des techniques de l’affiche publicitaire. Le visage, nous dit Jacques Gabriel, est le résumé du corps.
Il voulait, disait-il, élaborer un vocabulaire iconographique haïtien pour combler le vide existant dans notre culture d’images visuelles. (Extrait du témoignage de Delano Morel in Catalogue Rétrospective Jacques Gabriel)
1934 Naissance à Port-au-Prince le 12 octobre
1954 Sa première toile est exposée au Foyer des Arts Plastiques
- Étudie la peinture au New School for Social Research avec Camillo Egas
1955 Expose à la Galerie Remponneau, Port-au-Prince
1956 Expose à la Newman Gallery, New York
- Saint James Episcopal Church, New York
1957 Rencontre Roland Dorcély
1961 Exposition collective, Salon des Peintres Latino-Américains, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris
- Exposition collective, Anti-procès,Milan
1962 Exposition collective, Catastrophe, Galerie Raymond Cordier, Paris
1966 O Perë di, Galleria il Canale, Venise
- Galleria Paesi Nuovi, Rome
1973 Expose à Caribart
- L’intérêt, Centre d’Art, Port-au-Prince
1984 Exposition collective, Quand les peintres dessinent, Musée d’Art Haïtien du Collège Saint-Pierre
1988 Meurt le 10 décembre